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La Révolte Chapitre 8

Publié le par Christophe

VIII

 

  Aujourd'hui le chien est mort. Plus jamais il ne roulera dans l'herbe folle, ses longs poils soyeux dans les yeux. Plus jamais il ne jouera avec le vent, les mouettes, ni l'océan. Plus jamais il n'accompagnera sa maîtresse dans ses longues promenades, et n'attendra avec elle cet homme qui doit venir pour elle, pour lui, pour eux. Plus jamais.
  Elle est anéantie, vidée, et trop amère pour pleurer. L'unique être qui partageait sa vie s'en est allé. A présent la voilà seule pour de bon, avec ses espoirs, ses doutes et sa patience indéfinissable.

 

  La petite maison est devenue trop grande tout à coup, et l'écume des vagues ne possède plus cette pureté qui la rendait si heureuse autrefois. Bien sûr, elle se dit qu'après tout ce n'était qu'un chien. Mais elle n'arrive pas, malgré tous ses efforts, à s'en convaincre pleinement. Ce petit animal, elle l'avait recueilli il y a plusieurs années de cela. Il était seul lui aussi. Elle lui a offert son toit, l'a nourri, s'est occupée de lui. En échange, il a toujours été là pour elle, par sa simple présence. Ils ont partagé ensemble les moments de bonheur, et ils se sont consolés, mutuellement, durant les périodes plus sombres de leur vie commune.
  Et puis, sans vraiment oser se l'avouer, elle voyait en lui plus qu'un simple compagnon. Elle le regardait quelquefois comme le regarderait une petite fille de contes de fées. Elle espérait presque que ce chien se transformât soudain en prince charmant, et qu'elle en tomberait amoureuse, qu'une caresse ou qu'un tendre baiser illuminerait sa vie, comme par enchantement.
  Parfois, elle voyait en lui un homme, celui qu'elle attendait encore, ce mâle beau et fier qui viendrait prendre soin d'elle, et qui serait là pour la protéger, pour l'aimer avec passion. C'était un peu la raison de ce chien.
  Mais à présent, elle doit affronter seule le temps qui passe et sa solitude qui n'en finit pas de l'enserrer.
  Ses cheveux ne sont plus aussi noirs qu'autrefois, mais ils flottent toujours avec autant de légèreté au gré du vent joueur.
  Elle a repris le cours de son existence, si calme, si douce et qui lui ressemble tant, seulement voilée d'une infime tristesse qu'elle ne peut expliquer, ni oublier.
  Seules les mouettes semblent inchangées. Toujours aussi furibondes, on dirait qu'elles rient de sa douleur, qu'elles ne demandaient que ça, qu'elles souscrivent. Même les nuages, d'ordinaire si présents, si frivoles, ont l'air de s'en aller vers d'autres cieux.
  Pour la première fois depuis très longtemps, elle se sent abandonnée.

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