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Les carnets de Gabrielle Février 2010

Publié le par Kitouf

 
   
Les deux premières nuits se sont bien passées. La sage-femme nous avait dit qu’un nourrisson réclamait en moyenne toutes les trois heures. Toi, ma belle Gabrielle, tu dors encore cinq heures après avoir pris ton dernier repas. Et encore ! Il nous faut te réveiller pour que tu daignes t’intéresser à ta maman et à son bon lait, sinon tu ne prendrais que trois tétées par jours au lieu des sept prévues par la nature !

  Rien que ce matin, tu t’es couchée à quatre heures et demie, et ta maman a dû te sortir du lit à dix heures, parce que tu dormirais encore à l’heure où j’écris (il est un peu plus de treize heures).

  Il faut bien dire que quand tu manges, tu ne fais pas semblant, ma belle enfant, alors je comprends que tu fasses de bons sommes entre deux plantureux repas. C’est tout naturel. Je ne sais pas si ça va durer longtemps, mais tu sembles faire partie de ces bébés qui ne réveillent pas leurs parents à tout bout de champ. Pourvu que ça dure !

  Tu es toujours aussi calme et tranquille, ma jolie Gabrielle. Pour ce premier week-end passé en famille à la maison, on ne peut pas dire que tu aies été très embêtante, ni exigeante. Excepté les soins habituels, on ne t’entend pas, on ne te voit pas. Tu sembles commencer ta petite vie en toute quiétude, en toute sérénité, et en cela je reconnais bien le petit verseau qui sommeille en toi.

  Hormis le moment où on te change la couche, tu ne pleures pas. Tu cries parce que tu as froid aux pieds, alors je m’arrange pour que tu gardes tes chaussettes pendant que je te mets une couche propre, sinon c’est le concerto garanti. Tes petits pieds, dès qu’ils ne sont plus couverts, passent du rose bébé ou rouge foncé, puis au rouge violacé pour finir tout bleus en quelques secondes à peine !

  Remarque, c’est joli comme couleur. Bruyant, mais joli.

  Je plaisante, bien sûr, parce que ça ne doit pas être très amusant pour toi, ma chère Gabrielle, d’avoir froid aux extrémités de la sorte. Mais je connais bien ce problème, vois-tu, car ta maman est exactement comme toi. Elle a toujours les mains et les pieds gelés, sauf quand elle était enceinte de toi, par un curieux mystère. Alors c’est là que j’interviens, petite Gabrielle.

  Il se trouve que ma température corporelle est légèrement au-dessus de la moyenne, je dois être à 37,25 ou 37,3 degrés au lieu des 37,2 normalisés, donc je sers de bouillote ambulante pour toutes les demoiselles qui ont froid à leurs petites mains et à leurs petits pieds. Et quand tu te contorsionnes en hurlant sur ta table à langer, rouge de froid et de colère, je pose mes mains sur tes membres engourdis, et comme par miracle, tel un vieux rebouteux au fluide guérisseur, mes mains te réchauffent et tu cesses peu à peu de pleurer.

  C’est magique, et ça marche. Moins bien qu’un bon pyjama et qu’une bonne brassière en pure laine vierge et son bonnet assorti, mais ça fonctionne tout de même. Et puis rien de tel que de passer de longs moments devant la cheminée pour avoir bien chaud, car c’est là notre principal problème, petite Gabrielle : la chaleur. Et vu le temps de chien qu’il fait dehors, je crois que nous ne sommes pas encore prêts de quitter notre cuisine et son âtre bienveillant.

  Attendons le doux soleil du printemps, et tu verras comme il est agréable de sentir sur soi la douce chaleur naturelle du grand astre de feu. Mais je sais que tu es encore bien jeune et bien innocente, ma chère enfant, même si nous fêtons aujourd’hui ta première semaine d’existence.

  Une semaine déjà! Comme le temps passe vite ! Je n’ai rien vu, et pourtant, Dieu sait ce que nous avons vécu, ces derniers jours !

  Et pour couronner le tout, afin de célébrer comme il se doit ta première semaine parmi nous, laisse-moi te souhaiter une bonne fête, ma belle enfant, ainsi qu’à ta jolie maman, car vous vous prénommez toutes les deux Isabelle, et comme nous sommes le 22 février, voilà…

  Bonne fête à mes deux superbes petites Isabelle. Je pense à vous à chaque instant de ma journée, et ça fait du bien, comme dirait quelqu’un que je connais tout aussi bien.

  Pour ta fête, je t’ai offert un petit pyjama, que tu pourras porter dans quelques semaines, parce qu’il est encore un peu grand à cette heure, mais tu pourras en profiter plus longtemps comme ça. J’avais hâte de rentrer pour vous voir, ta maman et toi. Vous étiez sagement installées dans la cuisine, devant le feu, et tu terminais ton repas du soir, ma belle enfant. Je suis bien tombé, car tu ne dormais pas, et j’ai eu le temps de te faire faire ton petit rototo, de te prendre un peu dans mes bras et de te faire plein de bisous partout avant que tu n’ailles prendre ton bain, ce qui t’a fait hurler de plus belle encore une fois !

  Mais maintenant tu es toute propre, toute fraîche, habillée de rose dans ton joli petit pyjama carnaval des animaux, celui que j’ai offert à ta maman pour le réveillon de Noël 2008, pour lui faire comprendre que je désirais un enfant, et je crois que mon cadeau lui a fait bien plaisir, et surtout qu’il a été merveilleusement mis à profit, car aujourd’hui te voici parmi nous, ma belle Gabrielle, et tu dors à poings fermés dans ce petit pyjama rose, perdue tout au fond de ton grand lit de bois blanc.

  Remarque, comme je ne savais pas si on allait avoir une petite fille ou un petit garçon, j’avais offert également un petit pyjama bleu, juste au cas où. Mais tu sais, le bleu te va aussi bien que le rose…

  Je me lève pour aller te regarder dormir, parce que tu es si sage que parfois je me demande si tu es toujours là.

  Tu es bien là. Tu dors, tes deux petits poings levés, comme à ton habitude, si tant est que tu puisses avoir des habitudes au bout d’une toute petite semaine de vie. Mais je crois bien que oui, ma belle enfant. Bien calée entre tes couvertures, tu dois certainement rêver de jolies choses, car tes petites paupières tressaillent, et c’est bien la seule partie de toi qui me fait penser que tu n’es pas un de ces petits poupons de plastique qu’on achète aux petites filles quand elles commencent à jouer à la poupée.

  Tu ne bouges pas, et c’est à peine si je peux voir ta petite poitrine se soulever, et ta respiration est tellement silencieuse que tu ressembles à s’y méprendre aux photographies qui s’accumulent depuis huit jours sur le disque dur de mon ordinateur. Mais tu es beaucoup plus jolie en vrai, ma petite Gabrielle.

  Il ne nous reste plus qu’à attendre ton prochain réveil, pour avoir le plaisir de profiter un peu de toi, avant d’aller nous-mêmes nous coucher. Vers 23 heures, ce devrait être possible. En attendant, Sade berce ton sommeil, et même la musique ne peut te réveiller. Tant mieux, parce que la musique est un élément vital et nécessaire dans notre maison, alors autant t’y faire tout de suite, ma petite Gabrielle, parce que tant que tu vivras sous mon toit, tu n’auras pas fini d’en écouter.

  Une petite fille qui écoute Sade dès la première semaine ne peut être que magnifique.

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