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Les carnets de Gabrielle Février 2010

Publié le par Kitouf

 
  Voilà. C’est fait.

  Nous sommes rentrés à la maison ce matin, après une longue et éprouvante semaine passée à la maternité. Vers 11 heures, tout le monde était là, et je crois que nous étions bien contents d’être enfin chez nous.

  Toi, petite Gabrielle, tu dormais si profondément dans ton couffin que nous ne t’avons pas réveillée. Tu as fini ta sieste dans ton cosy, tout habillée, avec ton petit bonnet de laine rose tricoté par mamie enfoncé sur la tête. Tu es restée ainsi dans la cuisine, à côté de la cheminée éteinte, tandis que maman et moi avons mangé un morceau, et avons pris quelques instants de détente, avant de nous occuper à nouveau de toi. Nous sommes fatigués mais ravis.

  Tu es enfin là, parmi nous, chez toi, dans ta famille. Et tu es tellement belle, à dormir ainsi, sans bouger, avec tes deux petits poings dressés de chaque côté de ta petite tête, et ce petit air bougon qui ne te quitte pas quand tu dors, le même petit air que tu avais lorsque tu es sortie du ventre de ta maman. Cela présage-t-il un caractère certain ? Si tu as hérité du caractère de ta maman, tu ne te laisseras pas marcher sur les pieds, tu peux me croire !

  Mais tu es aussi un petit verseau, Gabrielle, tout comme ton papa. C’est peut-être pour ça que tu es calme et tranquille. Je ne sais pas. Tout cela est encore un peu prématuré, tu ne trouves pas ?

  Il vaut mieux profiter des moments présents plutôt que de vouloir déjà planifier et orienter ton avenir, notre avenir.

  Nous n’avons pas arrêté, cet après-midi. Pendant que maman te nourrissait, je suis allé faire des courses, j’ai pendu quelques machines parce que tu te salis assez vite tout de même, et j’ai monté ta table à langer, un peu comme j’ai pu, parce que les vis fournies avec le mode d’emploi étaient trop longues et butaient dans leurs trous pré-percés, donc j’ai dû adapter un système bien à moi, mais qui marche, et c’est l’essentiel.

  Tu as donc maintenant ta table à langer, ma petite Gabrielle, et j’en ai profité pour changer ta couche, et celles que nous avons achetées sont bien plus grandes que celles qu’on nous fournissait à la maternité, alors tu flottes comme il faut dedans, mais en tous cas tu ne manques pas de place pour y faire ce que tu as à y faire, ma belle enfant.

  Sais-tu que tu ne cesses d’embellir de jour en jour, ma petite fille ? Tu as une petite tête bien ronde, des cheveux tout noirs, un joli petit visage, une bouche finement ciselée, une fossette sur le menton qui a tendance à disparaître un peu, un petit nez en harmonie avec le reste de ta petite figure, et des oreilles qui ressemblent un peu à celles de ton oncle Arnaud, ce qui est assez étrange parce que nous n’avons aucun lien de sang, lui et moi, mais c’est ainsi. Même ta maman l’a reconnu, ce qui ne laisse pas de m’inquiéter...

  Tu as également de grands yeux gris qui vireront bientôt vers leur couleur définitive. Ils seront marron comme ceux de ton papa, ou bien noisette, comme ceux de ta maman. Nous verrons bien, ma belle enfant. En tous cas, ils ont l’air bien curieux, ces petits yeux, car ils ne cessent de regarder partout autour d’eux, et ils ont l’air d’emmagasiner tout un tas d’informations, comme la couleur du plafond de notre chambre, les doudous et nounours qui garnissent ton lit, toutes les sources de lumière qu’ils peuvent capter, et cette énorme tête effrayante qui ne cesse de graviter autour de toi et de déposer plein de bisous partout sur ta petite figure, ce qui te fait grimacer de temps en temps, quand tu n’essaies pas d’attraper ce gros nez furtif dans ta bouche afin d’en user comme tétine.

  Il fait nuit dehors, le froid de l’hiver est toujours là, et un bon feu brûle dans la cheminée. Ta maman et toi dormez dans la chambre, et moi j’en profite pour écrire un peu, parce que je n’ai pas très envie de dormir, même si je sais que cette nuit va être un peu difficile. Ce sera notre première nuit ensemble, ma petite Gabrielle. Jusqu’à présent, je rentrais le soir à la maison, et je dormais seul, alors que maman et toi étiez à la maternité, et c’est ta maman qui s’occupait seule de toi, et depuis le jour de ta naissance, le 15 février dernier, elle n’a pas eu droit à une nuit complète.

  Moi, j’ai profité de ma dernière nuit la nuit dernière. Maintenant, à partir d’aujourd’hui, nous sommes ensemble, tous les trois, dans le même bateau. Je ne sais pas encore comment je vais pouvoir gérer cette nouvelle situation, parce que je ne l’ai pas encore connue. Tout ce que je sais, c’est que si je n’ai pas mon quota d’heures de sommeil, je ne suis bon à rien le lendemain, alors je m’attends à vivre quelques moments délicats, surtout au travail, car il y fait une chaleur étouffante, et comme mon travail exige beaucoup de concentration et d’attention, je crois que ça ne va pas être drôle tous les jours. Il fait tellement chaud au bureau que je l’ai rebaptisé le bureau d’étuve, au lieu de bureau d’études, c’est tout dire.

  La température dans ta chambre à la maternité, ce n’était rien à côté de mon bureau. Alors une chaleur quasi insupportable, plus une énorme carence de sommeil, je crois que ce cocktail n’aura rien d’explosif, bien au contraire.

  Mais je savais à quoi je m’engageais, n’est-ce-pas ? Alors je n’ai aucune raison de me plaindre. Mais je ne me plains pas, bien au contraire. Seulement je me connais un peu et je sais à quoi m’attendre, voilà tout. Mais tout le monde est passé par là, du moins la plupart des papas, alors pourquoi pas moi ?

  Nous verrons bien cette nuit, comment cela va se passer, et nous verrons bien lundi matin, quand je reprendrai le travail. Mais de toute façon, j’ai déjà prévenu mes collègues. Il va falloir me prendre avec des pincettes, du moins les premiers jours, le temps que je m’y fasse.

  Ils rient bien de moi, au bureau, parce qu’ils sont tous déjà passés par là, et ils savourent d’avance tous les quolibets dont ils vont pouvoir m’affubler. Mais ça aussi, je crois, fait partie du jeu.

  Mais tout cela n’est rien à côté de la joie que j’ai à te regarder dormir, à changer ta couche alors que tu hurles à pleins poumons parce que tu ne supportes pas d’avoir tes petits pieds nus, et que tu te calmes dès que je t’ai enfilé une paire de chaussettes, à glisser tes jambes et tes bras dans les plis de ton pyjama alors que tu n’arrêtes pas de gigoter, et de recommencer dix fois la manœuvre, pour constater à la onzième que tu as perdu une chaussette au fond de ta culotte et qu’il faut tout reprendre à zéro, à te porter dans mes bras tandis que tu laisses tes empreintes digitales sur les verres tout propres de mes lunettes…

  Voilà, ma belle Gabrielle, comment s’est passée cette journée. Ou à peu près. J’attends que vous vous réveilliez, ta maman et toi, pour que tu puisses manger un peu, et que nous puissions en faire autant, quand tu auras été contentée. Je suis seul et je pense à toi. Tu es pourtant dans la pièce à côté, mais il y règne un tel silence que je n’ose entrer dans la chambre pour aller te regarder. Je vous laisse vous reposer, vous en avez grandement besoin, ta maman et toi.

  Je vais donc attendre encore un peu. Je vais peut-être en profiter pour lire quelques pages, ou bien je vais t’écrire un petit poème, qui sait ?

  Je vais aller chercher un peu de bois, au fond du jardin, et je vais rêver à notre première nuit ensemble, en attendant de la vivre pour de vrai.

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L
<br /> Bienvenue jolie petite Gabrielle, je ne connais pas encore tes bienheureux parents, mais depuis quelques mois on a suivi vos aventures prénatales et on avait aussi hâte que tu arrives! Je vous<br /> souhaite tout le bonheur du monde et j'espère que Jules et Gabrielle pourront bientôt faire connaissance...<br /> Profitez bien de ces moments extraordinaires.<br /> Agnès<br /> <br /> <br />
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