Mardi 16 Février 2010

  Bonjour ma petite Gabrielle,

  Depuis que j’ai eu l’idée d’écrire ce journal il y a quelques mois de cela, le journal de tes premiers jours en ce monde, c’est la première fois que je m’adresse à toi en tant que personne, en tant que petit être humain de chair et de sang.
  Car aujourd’hui tu n’es plus un être à venir, ma belle Gabrielle, ni une idée, ni une image échographique, ni plus un espoir, mais tu es une petite fille réelle, vraie, et aussi belle que tu as pu l’être dans chacune des pages de ce journal, aussi belle que dans tous ces mots qui sont sortis de moi tandis que ta maman te construisait, jour après jour, avec courage, patience et détermination, et que nous t’attendions, que nous rêvions de toi, que nous parlions de toi, que nous préparions ton arrivée parmi nous chaque jour, allant quérir de droite et de gauche tes premiers petits vêtements, ta première peluche, tes premiers accessoires de santé et d’hygiène, ta première chambre à coucher, ton premier petit mobile…
  Aujourd’hui tu es là, tu es née hier après-midi, à 16 heures et 20 minutes exactement, en ce 15 février 2010, et tu as été la plus belle et la plus vive émotion de mon existence.
  Tu mesures 47 centimètres et tu pèses 3270 grammes, tout petit bout qui tient à peine sur mon avant bras, et que j’ai peur de briser quand je te porte tellement tu sembles fragile.
  Et pourtant Dieu sait que tu es déjà forte, ma belle enfant ! Tu es si potelée, et tu serres mon petit doigt avec tant d’énergie déjà que j’en suis tout impressionné !
  Pendant tout le temps que nous avons attendu ta délivrance, à la maternité, nous avons vécu tant de choses, ta maman et moi, que je me disais que les prochaines pages de ce journal allaient être sacrément longues. Mais je crois que ce que nous avons vécu, tous les trois, pendant ces quelques heures privilégiées, ce sont des moments et des émotions qui ne peuvent se partager, ma si jolie petite fille, et je pense qu’il est préférable de les garder pour nous seuls.
  Je te raconterai l’histoire de ta naissance un peu plus tard, lorsque tu seras en âge de l’écouter, et de la comprendre. C’est une histoire toute simple, qui se perpétue depuis le premier jour du monde, mais que je n’oublierai pas, qui ne s’effacera jamais de ma mémoire, je te le promets, ma belle enfant. Tu peux avoir confiance en moi, le jour où tu voudras savoir, tu sauras.
  Ce matin je suis à la maison, et toi tu es à la maternité, avec ta maman, pour quelques jours encore. Alors comme tu es loin de moi, je fais de mon mieux pour être à tes côtés, en attendant de pouvoir te voir, d’ici peu de temps. J’écris, j’écris et j’écris encore, pour me sentir plus proche de toi, ma si jolie petite Gabrielle.
  J’écris, mais écrire lorsqu’on est tout chaviré de bonheur n’est pas toujours très aisé, ma belle enfant. Ainsi, hier soir, lorsque j’ai voulu annoncer ta naissance à tous nos amis, j’ai envoyé un petit texto avec mon téléphone portable, et avec la fonction d’écriture automatique, en voulant taper Petite Gabrielle est née ce jour… j’ai écris Sévie Gabrielle est née ce jour… et plusieurs personnes nous ont félicités pour la naissance de Sévie Gabrielle ! ce qui n’est pas tout a fait ton vrai nom, mais je ferai une annonce officielle plus tard, ma belle enfant, si tu le permets.
  Non, tu ne t’appelles pas Sévie Gabrielle, mais Gabrielle, ma belle enfant. Et c’est un prénom qui te va à ravir, parce que tu ressembles à s’y méprendre à un petit ange, alors je crois bien que c’est le prénom qui te correspond le mieux.
  Et puis j’ai quelques photographies de toi avec moi, pour te regarder chaque fois que j’en ai envie, en attendant de pouvoir te voir, te toucher, et t’embrasser à nouveau, dans quelques heures, quand ta maman et toi serez reposées.
  Je viens d’appeler ta maman, et je t’ai entendue pleurer dans le téléphone, ma jolie petite Gabrielle. Alors je vous laisse tranquilles, ta maman et toi. Occupez-vous bien l’une de l’autre, je viendrai vous embrasser un peu plus tard.



  Ici s’achève ce Journal d’une vie nouvelle. Gabrielle est aujourd’hui parmi nous, elle vit entourée de sa maman, de son papa, de son grand frère, de toute sa famille, et de tous ceux d’entre vous qui avez lu ces quelques lignes et qui pensez à elle.
  Gabrielle doit maintenant vivre sa propre vie. Nous lui souhaitons tout le bonheur possible, que ses jours soient riches, pleins de toutes les belles choses que peut nous offrir ce monde étrange. Qu'elle soit heureuse dans l’existence qu’elle choisira de mener.
  Mais ceci est une toute autre histoire…